Le ramassage de l'argan — Agraw n wargan
PODEUR, Jean. Textes berbères des Ait Souab, Anti-Atlas, Maroc (bilingue français / berbère). Edisud. 1995 Édition établie par N. van den Boogert, M. Scheltus, H. Stroomer. [Transcription de l'amazigh adaptée à celle du site]
Igh inwa wargan gh wayyur n lulyuz, igh kullu iqqur gh ddu lacjar, ar tmniqqirn ljmiàat n tmazirt, nnan : « Ran nfsi argan. » Ssêbâh ann brrhên, nnan : « Hann argan ifsi. » Ar fssin argan agwni s ugwni.
Ssêbâh ann, willi mi iggut wargan ar siggiln imcghaln, bdun agraw, willi mi idrus wargan ar cghln wâhdutn. Ar nkkern mddn ifilfukt. Tumgharin ar ttasint tazgiwin d waryaln, irgazn nitni ar ttawin izêwayn n wargan. Igh lkmn argan gh tagant, ar ssussusn irgazn aynna iqqaman ur d idîr gh lacjar. Tumgharin nttenti ar grrunt. Ar sguduynt argan gh yan lmakan. Igh kullu kmmln agraw, ar ttasin mddn argan s tgwemma s lbhaym nghd s tazgiwin. Kudnna ran ayt tgmmi zzit n wargan, ar d ttasin tifiyict, kkewsn as agilim, grun aqqay nnes, ar ten rragn s yat taggunt lli ittawssan i wawrag [1]. Igh rgan aqqayn ann, grun tzênin n wargan, zêlin irgn, ar ttasin tzênin, sslin tent gh ufllun. Zêdin ten s uzerg n tizênin, zêmin amlu nnesnt, dîn d gis zzit n wargan. Tagur d gis tzgmut. Ar ttinin : « Argan mad ur igi » ? Zàma, ifrawn n wargan, ar ten cettant lbhaym, ikccûden nnes fulkin bahra i userghu, ula tirgin, ula iggulla. Zzit nnes tjhd bahra, tmmim, ar gis ssenwan ayt tmazirt tiram nnesn. Agilim nnes ar t cettant lebhaym kullu tent, isêha, iga zund tumêzin. Tirgin nnes, ar isent sserghan làfiyt. Tazgmut nnes, ar gis skarn tiwrray [2], ar tt zzenzan gh ssuq, ar tt cettant lbhaym acku ar teskar takwfayt ula tadunt.
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Au mois de juillet, quand l'argan est à point, quand il a séché au pied des arbres, les assemblées de notables se réunissent et déclarent : « Demain le ramassage de l'argan sera autorisé. » Ils le font proclamer par des crieurs publics qui crient : « L'argan est autorisé ! » Le ramassage est autorise vallée après vallée.
Le lendemain, ceux qui ont beaucoup d'arganiers cherchent des travailleurs et commencent le ramassage, ceux qui n'en ont pas beaucoup travaillent seuls. Les gens se lèvent de fort bon matin. Les femmes emportent corbeilles et paniers, les hommes emportent des gaules en bois d'arganier. Quand ils arrivent aux arganiers, dans la forêt, les hommes gaulent l'argan non encore tombé des arbres. Les femmes ramassent l'argan. Elles l'entassent en quelque endroit. Quand le ramassage est terminé, on emporte l'argan à la maison par bêtes de somme ou par corbeilles. Lorsque les habitants d'une maison veulent de l'huile d'argan, ils prennent l'argan, en enlèvent la pulpe, ramassent les noyaux, les cassent au moyen d'une pierre toujours utilisée à cette fin. Lorsqu'ils ont cassé les noyaux, ils séparent l'écorce de l'amande, ramassent les amandes et les grillent dans le plat à pain. Puis ils les écrasent à la meule, pressent la pâte obtenue, en font sortir l'huile d'argan. II reste le tourteau. On dit couramment : « L'argan que n'est-il pas ! » Le bétail mange ses feuilles, son bois convient parfaitement à l'allumage du feu, il sert à faire du charbon, à tailler des charmes. Son huile est riche et agréable, on en agrémente les plats. Sa pulpe est un aliment de choix pour tout le bétail, comparable à l'orge. L'écorce des noyaux sert à allumer le feu. Du tourteau on fait des galettes que l'on vend au marché, il donne au bétail qui le mange beaucoup de lait et de matière grasse. |