Làin n Imi n Tala d kràmuc
Iggi n ddcr n Imi n Tala illa gis yan ujarif azeggwagh, gh ddaw ujarif an illa yan làin mqqurn. Ghinn a gh d iffugh wasif n Umezmîz.
S waman an as a sswan timadaghin d talàêrsin n tghzut. Igh tlla taghart, ar qqrsn ayt Imi n Tala i yan ubukir idêlan gh tama n làin. Ar sers skarn lmeàruf, ar t tferraqn i lmsakin, fad a yili unzâr. Ar ttawint tmgharin yat tkurt, ar tt sgalent gh làin. Ar attûnt f snat rrbayà, ar srusent takurt gh tuzzûmt. Ar kkatent takurt lli s idârn. Yat rrbiàt ar tethây takurt as ttin tsitti zegh làin, ima rrbiàt yâdnin ar ttid tterra s làin, ar kigh en gis tdêr. Ar ttbddadent tmgharin gh tama n làin, ar attûnt i ihêcmiyn tirufin d tumzîn, ar ttinint : Ya Rbbi, fk agh anzâr, fk agh anzâr bla izîllîd, fk agh anzâr bla tamzawuyt. Igh iwin waman takurt gh yan ddûr, ar ttinin mddn : « Ira a yili unzâr, ar d ingi wasif. » Imil, igh tt sdwwernt temjiwcin gh làin ar kigh tmâtl tkurt, ar ttinin : « Ira a yili ghir imikk n urcic. » Igh ur illi unzâr ar skarn « kràmuc ». Ar ttawint tmgharin d tàezriyin yan izikr igan ljdid zgh zzawit n Ayt Tasaft. Ar attûnt f snat rrbayà, kaygat ssêff n tmgharin ar ittamêz ixf n izikr. Ar lddint, ard bbint izikr. Ar ttârnt tmgharin, tinna dêrnin hêccemnt, acku ur darsnt ssrawl. Ima irgazn lli hâdrnin, ar dêssân. Igh ur ibbi izikr, ar ttinin : « Ira a imatêl unzâr neghd ur ra yili. » Walayni ar en ttuxxarn ihêcmiyn s treksa, ar ttbbin izikr s lmus i kullu tmgharin, ar en ttârnt s tghwêrdin. Mn baàd ar ttawint izikr s tnûtfi n ccerfa, gren tin gis. Ar tthêwacent gh tama n tnûtfi. Lligh ikmml uhêwac, ar sfathânt, ar ttinint : Ad d yawi Rebbi anzâr, ad d yall Rebbi aseggwas, a ikmmel Rebbi f ifellâhn. Igh d ingi wasif, yawi timadaghin, ar ttawi yat tàezriyt krâd iznzâr n tasaft s tmêzlaw, ar tnin tggar gh làin n Imi n Tala, fad a n ibbi unzâr, ar d iqssêr wasif. Gh Umezmîz, igh iggut unzâr, ar akw isxsar lghllt, yat tgigilt tghli f iggi n fihîna, tqlleb lmri s igenwan, tass lqtîb f wazzar nnes, tger ighd n tbnayut s wadû n unzâr. |
La source de Imi n Tala et (les pratiques de) « kerâmouch » (pour obtenir la pluie)
Au-dessus du village d’Imi n Tala il y a un rocher rouge au pied duquel sourd une grosse source. Ce sont les eaux de cette source qui forment l’oued d’Amizmiz.
Avec cette eau on irrigue les petits champs en bordure de l’oued et les jardins de la vallée. Si la sécheresse sévit, les gens d’Imi n Tala égorgent un bouc noir à côté de la source. Avec la viande de ce bouc on fait un repas propitiatoire auquel on convie les pauvres, enfin d’obtenir la pluie. Les femmes apportent une pelote (de laine ou de chiffons), la plongent dans la source. Elles se groupent en deux camps (opposés) et posent la pelote au milieu. Les femmes se renvoient la balle en la frappant avec le pied. L’un des groupes cherche à éloigner la pelote de la source en la poussant et en la frappant, l’autre groupe, au contraire, ramène la balle vers la source, jusqu’à ce qu’elle y tombe. Ensuite, les femmes, debout près de la source, partagent entre les enfants présents des grains de maïs ou de blé grillés en disant : Ô Dieu, donne-nous de la pluie, donne-nous de la pluie sans orage, donne-nous de la pluie sans tempête. Si la pelote est emportée par le courant immédiatement, les gens disent : « La pluie sera abondante et l’oued débordera. » Au contraire, si la pelote entraînée par les petits tourbillons qui se forment dans les eaux de la source, se met à tournoyer et s’y attarde, on dit : « II n’y aura qu’une petite pluie fine. » S’il ne pleut pas du tout on pratique le rite appelé « kerâmouch » (à Amizmiz et dans les environs). Les femmes et les jeunes filles apportent de la zaouia des Ait Tasaft une corde nouvelle. Elles forment deux groupes opposés et chaque groupe ou rang saisit une des extrémités de la corde. Les femmes et les jeunes filles se mettent à tirer, jusqu’à ce que la corde se rompe. Celles qui tombent à la renverse, n’ayant pas de pantalons (et montrant leur nudité) ont honte. Ce spectacle provoque les rires et les plaisanteries des hommes présents. Si la corde ne se rompt pas facilement, on dit : « La pluie tardera de tomber ou il ne pleuvra pas. » Mais, généralement, des enfants s’approchent en se dissimulant et coupent la corde avec un couteau et toutes les femmes tombent à la renverse. Elles vont ensuite jeter cette corde dans la citerne des Chorfas. Une danse rituelle, entremêlée de chants, se forme ensuite à côté de la citerne. À l’issue de cette danse, les femmes tournent les paumes de leurs mains vers le ciel en disant : Que Dieu apporte la pluie et une année prospère et qu’il conduise à bonne fin les travaux des cultivateurs. Si les pluies abondantes font déborder l’oued, (dont les eaux) emportent les petits champs entourés de murettes de pierres, une jeune fille vierge apporte trois tisons de bois de chêne enflammés et les jette dans la source d’Imi n Tala, pour que la pluie et la crue de l’oued cessent. À Amizmiz, si la pluie persistante menace de détruire les récoltes, une orpheline monte sur une terrasse, tourne vers le ciel la face réfléchissante d’un miroir, elle attache un foulard sur ses cheveux et jette dans la direction de l’ouest un peu de la cendre du feu de l’Achoura. |
Harry Stroomer, Textes berbères des Guedmioua et Goundafa (Haut Atlas, Maroc), basés sur les documents de F. Corjon, J.-M. Franchi et J. Eugène, Edisud, Aix-en-Provence, 2001.
Transcription adaptée au site Mondeberbere.com.
Transcription adaptée au site Mondeberbere.com.