Îd n nnayr — La nuit du premier janvier
Tiré de l'ouvrage de Pierre AMARD, Textes berbères des Aït Ouaouzguite,
édités et annotés par Harry Stroomer. Édisud, 1997.
édités et annotés par Harry Stroomer. Édisud, 1997.
Ass nna igan îd n nnayr, iggru gh dujambir. Da ttidunt tmgharin, zêdnt ibawn. Ddun ijijan s igran, awin d gisn tammayt d zzitun d udâr n utbir t tmzzûght n tili d lfssâ d txsayt d uqurr. Awin tammayt d zzit, gnt i làtbat n tgmmi. Asin aqurr d lfssâ d xizzu d udâr n utbir d tmzzûght n tili, fkn tn i tmgharin.
Asint tmgharin dghayann kullu, zaydnt gis yan waqqa, gnt nn dghayann gh tgdurt, ntta d ibawn. Gnt fllas aman zîdrnn, ar ingg°a. Ar tassaàt nna inwa, asint dagh tifiyya d zgzaw mis, gnt stt inn gh tgdurt ula nttat. Tassaàt nna irâh imnsi, asint d talxca, ar tt cttan kullu ayt tgmmi. Wa nna gitsn yufan aqurr gh tlxca, nnan as : « Iqqur uxsas nnk ! » Wa nna yufan aqqa, nnan as : « Îhla yak ssàd nnk ! » Tassaàt nna ccan, asin yat tmttûst n ughrum. Mmun tt inn gh tlxca, gn tt inn dar tdârt n tflut, ag gis tns. Asin dagh tagdurt ann n ûsgâd. Ccn t, ssarn dghayann gh udis nns, g°n, rghn. Zikk, igh d nkrn, qllbn tamttûst, da gan gh dar tdârt n tflut. Nnan, igh nn gis ufan kra n ccàr n wulli, nnan ak : « Rant ad darsn zaydnt wulli gh usgg°as ann. » Igh mi gis ufan inzêd n imugayn, nnan : « Rant ad darsn zaydnt lbhaym. » Igh nn gis ufan inzêd n ughyu1, ngh asrdun, nnan : « Ran ad darsn zaydn gh usgg°as ann. » Igh nn gis ufan kra n ccàr izgg°aghn ngh izgzaw, ngh awragh, nnan : « Ira ad darngh izayd kra n lfrac asgg°as ad. » Igh nn gis ufan kra n tsttixt, nnan : « Ira a immt kra gisn gh usgg°as ann. » Ilin dagh wi da iskrn lqaàida yâdnin. Da ttasin ibawn d yirdn d tmzin d umêsri d ikikr d tniltit. Ssarn tn, ar tn cttan gh yîd n nnayr. Rghn s lktrt n dghayann ssan. Nnan : « Ha nn asgg°as ibddl, irgha lhâl, tkka d trghi akal. » Illa gis 1baàd n isgg°asn, dda d nkkrn, afn d tilist, tqqn asn imi n tgmmaw. |
Le jour qui est suivi de la nuit du premier janvier est le dernier du mois de décembre. Les femmes vont moudre des fèves. Les enfants vont aux champs et en rapportent du tamaris, de l’olivier, du pied de pigeon (la fausse bourrache), de 1’oreille de brebis (une papilionacée), de la luzerne, de la courge et des figues. Le tamaris et l’olivier sont mis sur le seuil de la maison. Le reste (figues, luzerne, carotte, pied de pigeon, oreille de brebis) est donné aux femmes.
Les femmes prennent tout ce que l’on vient de mentionner, y ajoutent un grain (une datte) et jettent le tout dans la marmite avec encore des fèves. Elles ajoutent de l’eau douce jusqu’à cuisson. Une fois tout ceci cuit, elles enlèvent la viande et les légumes et les mettent aussi dans la marmite. Quand arrive l’heure du souper, elles sortent cette bouillie et tous les gens de la maison la mangent. Celui qui trouve une figue dans la bouillie est salué d’un « tu as la tête dure ! » Celui qui trouve la datte est salué d’un « ton bonheur est certain ! » Après avoir mangé, ils prennent un morceau de pain, le trempent dans la bouillie et le déposent au pied de la porte afin qu’il y reste toute la nuit. On reprend à nouveau cette marmite et la nourriture (avec laquelle on mange son pain). Ils mangent de ce plat, le mélangent dans leur ventre, dorment et transpirent (ils ont chaud). En se levant de bonne heure, ils vont examiner le morceau de pain qu’ils avaient laissé sur le pas de la porte. Ils disent s’ils trouvent dessus (collés) quelques brins de laine de mouton, que les moutons augmenteront en nombre chez eux cette année-là. S’ils trouvent un poil de bovin, ils disent que ces animaux seront en augmentation chez eux. S’ils trouvent un poil d’âne ou de mulet, ils disent que leur nombre augmentera cette année-là. S’ils y trouvent quelques poils rouges, verts ou jaunes, ils disent « Le mobilier (matériel de couchage : tapis, nattes et couvertures) sera plus nombreux chez nous cette année. » S’ils y trouvent quelques crevasses, ils disent que l’un parmi eux mourra cette année. Il en est qui ont d’autres coutumes. Ils prennent des fèves, du blé, de l’orge, du maïs, des pois chiches et des lentilles. Ils en préparent un mélange qu’ils mangent la nuit du premier janvier. Ils ont chaud à cause de ce qu’ils ont absorbé. Ils disent : « L’année change, le temps est chaud, la chaleur monte du sol. » Certaines années parfois, en se levant, ils trouvent la neige bloquant l’entrée des maisons. |