Amedyaz d ccetwa ― le poète et l'hiver
Maammer' Ah'esnaw
première moitié du XIX siècle, tiré des « Poèmes kabyles anciens » de Mouloud Mammeri (Dda Lmulud)
première moitié du XIX siècle, tiré des « Poèmes kabyles anciens » de Mouloud Mammeri (Dda Lmulud)
Amedyaz :
Ccetwa ur nes<i l<aqel atstsa tebda-d s tura Heggagh tam<ict d uzeqqur <aggnegh i medden ttamma Agguren ag ' ar nesta<mel ur degsen telli lxedma Ccetwa : Nek ad ak-d ghed'legh adfel ara-k ireglen tabburt Lmal ik ad ak-t nghegh atta<yu txeddem tefrut Amedyaz : Ad am rewlegh s Aghenjur' anida-d cer'r'eq tafukt Adefl im m' aa-d ighelli ad am t-tessebla< akw tmurt Ccetwa : A tit' uh'uli t-timital ik i-ts-ixellun Babak n-teg'g'id' yud'en kulyum haat deg wnezgum Yemma la tmegger mejjir haats s tiqqad gher lkanun Amedyaz : Ad r'uh'egh ar Ledzdzayer tamurt m Bab Aazzun An-n-ttekkigh am mizimer adrim annaabb' i wserdun A-d nawed' anketter' megzer Ayen deg ud'nen ad h'lun Ccetwa : Iwimi-k heggagh Yesser ic'c'an i tghezz ' akw leqrun A-k isma<r'r'ed' am memeder sseglaf din am meqjun Amedyaz : Nek ay lligh d igider ur tstsekkigh deg at t't'nun Asif annerg' ' ard izzer ard as qqaren akw l<ayun Mi d yebrir annembwiwel it'ij ibded ghef leqrun Anebdu a-t id nezger acu mi yezmer umeghbun Ccetwa : Anida kem jer'r'begh texlid f lehdem i tebnid' llsas Ma d kem telt cchur' i tlid' tezgid' felli d axemmas A-d-yawed' yebrir uqsih' awed' gher Bujlil tint'as |
Poète :
L'hiver dément A déja commencé J'ai préparé provisions et bois À tout le monde j'ai fait dire Que tous ces mois j'allais faire comme si Je n'y avais rien à faire Hiver : Je vais faire tomber la neige Qui bloquera ta porte Tu seras contraint de tuer tes bêtes Le couteau aura fort à faire Poète : Je fuirai à Aghenjour Où le soleil brille À mesure que ta neige tombera Elle fondra au sol Hiver : Oeil de bouc Tu es de ceux qui ruinent tout Ton père que tu as laissé malade Chaque jour s'inquiète Ta mère se nourrit de feuilles de mauve Toute couverte de cautères au coin du feu Poète : Je vais m'installer à Alger Près de la porte Bab-Azoun À demeure comme l'agneau dans la bergerie J'aurai de l'argent par monceaux À mon retour nous ferons beaucoup de potage Et leurs maladies guériront Hiver : Pourquoi crois-tu que je t'aie préparé l'Isser Qui a rongé les angles de toutes les vallées Il se dressera devant toi comme un mur Tu pourras toujours aboyer devant Poète : Tel l'aigle Les querelles mesquines ne m'atteignent pas La rivière j'attendrai qu'elle baisse Que toutes ses sources tarissent En avril je me mettrai en route Quand le soleil sera haut dans le ciel Ce sera l'été je traverserai la rivière Que pourra-t-elle alors la pauvre Hiver : Où je vois que tu es vain C'est que tu batis sur des ruines Tu n'as droit qu'à trois mois après tout Comme mon quintenier Avril chaud viendra et Tu iras à Boujelil y conter tes peines. |